• La déliquescence dans nos sociétés et nos organisations politiques des valeurs universelles que nous devons aux Lumières " franco-kantiennes " ne procède pas de la génération spontanée. Dès le XVIIIe siècle et tout au long des deux cents dernières années s'est édifiée une autre tradition - une autre modernité. Sur une argumentation similaire, elle a fait la guerre aux Lumières. L'une des raisons de la cohérence interne de cette pensée qui s'en prend aux Lumières tient au fait que tous ses hérauts se lisent les uns les autres avec une grande attention. (…) Avec la rigueur et l'esprit méthodique qu'on lui connaît, le grand historien israélien Zeev Sternhell établit avec précision une généalogie convaincante des anti-Lumières (ou des contre-Lumières, si l'on préfère). Ce faisant, il éclaire les enjeux de notre temps tant il est vrai que les maux contre lesquels ont combattu les Lumières sont de tous les temps. Pour éviter à l'homme du XXIe siècle de sombrer dans un nouvel âge glacé du conformisme, la vision prospective créée par les Lumières d'un individu maître de son présent, sinon de son avenir, reste irremplaçable.

    Zeev Sternhell, professeur d'histoire des idées, occupe la chaire Léon-Blum de science politique à l'université hébraïque de Jérusalem.


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    Sous-tendu par la nouvelle religion de l'amélioration continuelle des conditions de vie, le mieux-vivre est devenu une passion de masse, le but suprême des sociétés démocratiques, un idéal exalté à tous les coins de rue. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase du capitalisme: la société d'hyperconsommation. Un Homo consumericus de troisième type voit le jour, une espèce de turbo-consommateur décalé, mobile, flexible, largement affranchi des anciennes cultures de classe, imprévisible dans ses goûts et ses achats, à l'affût d'expériences émotionnelles et de mieux-être, de qualité de vie et de santé, de marques et d'authenticité, d'immédiateté et de communication. La consommation intimisée a pris la relève de la consommation honorifique dans un système où l'acheteur est de plus en plus informé et infidèle, réflexif et "esthétique". L'esprit de consommation a réussi à s'infiltrer jusque dans le rapport à la famille et à la religion, à la politique et au syndicalisme, à la culture et au temps disponible. Tout se passe comme si, dorénavant, la consommation fonctionnait tel un empire sans temps mort dont les contours sont infinis. Mais ces plaisirs privés débouchent sur un bonheur blessé : jamais, montre Gilles Lipovetsky, l'individu contemporain n'a atteint un tel degré de déréliction.


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    Après l'enfer du nazisme et la terreur du communisme, il est possible qu'une nouvelle catastrophe se profile à l'horizon. Cette fois, c'est le néo-libéralisme qui veut fabriquer à son tour un " homme nouveau ". Tous les changements en cours, aussi bien dans l'économie marchande que dans l'économie politique, l'économie symbolique ou l'économie psychique, en témoignent. Le sujet critique de Kant et le sujet névrotique de Freud nous avaient fourni à eux deux la matrice du sujet de la modernité. La mort de ce sujet est déjà programmée par la grande mutation du capitalisme contemporain. Déchu de sa faculté de jugement, poussé à jouir sans entrave, cessant de se référer à toute valeur absolue ou transcendantale, le nouvel " homme nouveau " est en train d'apparaître au fur et à mesure que l'on entre dans l'ère du " capitalisme total " sur la planète. C'est cette véritable mutation anthropologique, et les conséquences pour le moins problématiques sur la vie des hommes qu'elle implique, autrement dit ce que l'auteur appelle " l'art de réduire les têtes ", qu'analyse cet ouvrage. L'auteur traite ainsi, en philosophe, des questions pratiques auxquelles sont confrontés aujourd'hui les sociologues, les psychanalystes ou les spécialistes de l'éducation. En s'interrogeant très concrètement sur l'avenir des jeunes générations aux prises avec de nouvelles façons de consommer, de s'informer, de s'éduquer, de travailler ou, plus généralement, de vivre avec les autres

    Biographie de l'auteur
    Dany-Robert Dufour, philosophe, professeur en sciences de l'éducation à l'université Paris VIII, enseigne régulièrement au Brésil et au Mexique. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Lettres sur la nature humaine (Calmann-Lévy, 1999), Folie et démocratie (Gallimard, 1996) et Les Mystères de la trinité (Gallimard,1990)

     


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  • " Pour une nouvelle gauche"

    Anciens/Modernes... Réac/Progressiste... Arrière-garde/Avant-garde. A la scène comme à la vielle, les manichéismes font la parade. On se dispute au XXIe siècle avec les mots du XIXe. Et si on mettait nos panoplies à jour ? Tel est le déchirant réexamen que propose cette adresse aux colporteurs de clichés défraîchis. Contre la traque du nouveau réac, l'esquisse d'une gauche tragique.

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  • R. D. : Pour vous dire carrément les choses, le " faire sens "... ne m'intéresse pas. Vous vous rendez compte! C'est le "faire lien" qui m'intéresse... Car je crois que d'une certaine façon, le sens du sens c'est le lien.

    C. G.: La foi garde aujourd'hui un sens et une vitalité alors même qu'elle semble désormais socialement de plus en plus "inutile": on ne peut plus définir le religieux exclusivement par rapport à son utilité sociale. Peut-on parler de "Dieu" sans parler de l'expérience de ce que les croyants appellent "Dieu" ? "


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  • Le sarkozysme n'est pas que Sarkozy, ni tout Sarkozy. Courant politique largement importé, il est la version française de la contre-révolution néo-conservatrice qui a déjà triomphé dans de nombreux pays. En rupture avec la tradition républicaine, il réalise une synthèse entre la vieille droite orléaniste, ralliée à la république faute de mieux, et le néo-conservatisme, étranger à toutes les traditions politiques et philosophiques libérales françaises : la droite française ne serait jamais assez à droite car notre tradition libérale serait un faux libéralisme. Sorte de revanche par procuration de la France de l'Ancien Régime, le sarkozysme ne cesse de rêver que la nation se brouille avec Marianne pour se jeter dans les bras de Marie.


    Paul Ariès, politologue, spécialiste de la mondialisation, est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages consacrés aux conséquences de la mondialisation : malbouffe, sectes, agressions puiblicitaires


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  • A peine la menace de la Troisième Guerre mondiale s'est-elle éloignée avec la fin de la guerre froide que la violence refait surface sous différentes formes : guerres civiles, nettoyage ethnique, génocide, hyperterrorisme.

    Faut-il opposer la violence à la violence ? Quand, comment, au nom de quoi ? Des auteurs de différentes nationalités et de professions diverses - politologue, diplomate,juriste, historien, philosophe -, tous internationalement reconnus dans leur domaine, s'efforcent ici de répondre à ces interrogations capitales.

    Un ouvrage collectif important !


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  • « Il faut bien que quelqu'un monte sur le ring et dise : « je suis fier d'être français ».

    Qu'il réponde à ceux qui condamnent la France pour de ce qu'elle fut, ce qu'elle est, ce qu'elle sera : une criminelle devenue vieillerie décadente.

    Or, nos princes qui devraient la défendre, au lieu de pratiquer la boxe à la française s'inspirent des lutteurs de sumo ! Comment ne pas chanceler dans ces conditions ?

    Un essai important à lire !


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  • Le modèle républicain en France appartient-il au passé ?
    La réponse à cette question ne semble plus faire de doute aujourd'hui. Pour les libéraux, le modèle jacobin fantasme l'égalité abstraite de tous les citoyens mais il ne réussit, au nom de cet idéal, qu'à étouffer la société civile sous le poids de la bureaucratie et à paralyser les initiatives et la liberté des individus. Les partisans déclarés de la république tiennent, pour leur part, que le projet d'autogouvernement est une arme de résistance à la marchandisation et à la transformation de la société politique en servante de la production et des échanges.

    (lire la suite...cliquer sur le titre)


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  • Hier encore, le discours officiel opposait les vertus de la démocratie à l'horreur totalitaire, tandis que les révolutionnaires récusaient ses apparences au nom d'une démocratie réelle à venir.

    Ces temps sont révolus. Alors même que certains gouvernements s'emploient à exporter la démocratie par la force des armes, notre intelligentsia n'en finit pas de déceler, dans tous les aspects de la vie publique et privée, les symptômes funestes de l'«individualisme  démocratique» et les ravages de l' « égalitarisme » détruisant les valeurs collectives, forgeant un nouveau totalitarisme et conduisant l'humanité au suicide. (lire la suite...cliquer sur le titre)


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  • Laurent Cohen-Tanugi

    L'effondrement du bloc soviétique, la mondialisation, puis les attentats du 11 septembre 2001 et l'intervention américaine en Irak n'en finissent pas de bouleverser l'ordre international et l'équilibre du monde occidental. De Berlin à Bagdad, de 1992 à 2005, cette chronique de l'après-guerre froide éclaire « en temps réel » les moments clés de la construction de l'Europe et de la relation transatlantique au cours de cette période charnière. (lire la suite...cliquer sur le titre)


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  • Les cafés caractérisent l'Europe. Ils vont de l'établissement préféré de Pessoa à Lisbonne aux cafés d'Odessa, hantés par les gangsters d'Isaac Babel. Ils s'étirent es cafés de Copenhague, devant lesquels passait Kierkegaard pendant ses promenades méditatives, aux comptoirs de Palerme. Pas de cafés anciens ou caractéristiques à Moscou, qui est déjà un faubourg de l'Asie. Très peu en Angleterre, après une mode éphémère au XVIIIe siècle. Aucun en Amérique du Nord, sauf dans cette antenne française qu'est La Nouvelle-Orléans. Dessinez la carte des cafés, vous obtiendrez l'un des jalons essentiels de la « notion d'Europe ».

    Né à Paris en 1929, Georges STEINER enseigne à l'université de Genève après avoir enseigné à Cambridge. Philosophe du langage, romancier et critique, il a publié de nombreux ouvrages, dont un roman : « Epreuves » (Gallimard 1993).

    ACTES SUD – avril 2005


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