• Texte exceptionnel du philosophe Manuel de DIEGUEZ, un de nos grands maîtres !

     

    Hélène Carrère d'Encausse et le destin de la science historique européenne

     

    A propos de Alexandre II, Le printemps de la Russie

     

    En cette veille de l'entrée en fonctions du nouveau Président des Etats-Unis, Israël se trouve d'ores et déjà mis au ban de la civilisation mondiale. Cet immense événement n'a encore été enregistré que par quelques esprits accoutumés à la réflexion solitaire et isolés en apparence - mais, en secret, non seulement toutes les chancelleries ont compris cette vérité, mais elles savent de surcroît qu'elle est confusément perçue par l'opinion publique internationale. Quelle est la spécificité d'une évidence politique demeurée virtuelle, semble-t-il, mais d'autant plus omnipotente s'est embusquée en tous lieux et qu'elle va bondir dans l'arène de l'Histoire? J'ai le sentiment que cet instinct à la fois puissant et sans voix trouve son origine dans le réflexe de légitime défense d'une civilisation qui se sent menacée dans son identité la plus native, celle dont le sauvetage conditionne désormais non seulement sa survie politique, mais l'avenir de son éthique.

    C'est dans ce contexte que je juge préférable de remettre au lundi 19 janvier mon analyse anthropologique du génocide de Gaza et de la position que prendra l'Europe des peuples, désormais soutenue par l'Assemblée de Strasbourg, pour refuser d'entériner, le 4 avril <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:metricconverter w:st="on" ProductID="2009, l">2009, l</st1:metricconverter>'entrée d'un criminel de guerre dans l'Union européenne. Une fois de plus, la véritable " actualité politique " mettra en évidence la dimension anthropologique des événements décisifs. Mais précisément l'œuvre et la pensée de Mme Carrère d'Encausse mettent en lumière la profondeur anthropologique de sa philosophie de l'histoire et, en tout premier lieu, de sa réflexion sur les Etats. Car la question posée par le génocidaire de Gaza est celle de la nature même de la méthode historique et des relations qu'elle entretient avec les Etats, puisque, une fois de plus, l'avenir du Vieux Continent illustrera une guerre de civilisation entre l'éthique des peuples et la cécité des gouvernements, mais également la nécessité de placer les Etats au cœur de l'histoire du monde.

    Avec Mme Hélène Carrère d'Encausse, la question décisive depuis Xénophon et Thucydide se trouve enfin clairement posée aux Etats, celle de savoir à quelle distance de la scène l'historien peut placer ses caméras et disposer ses micros afin de raconter les événements, mais aussi d'expliquer toute la représentation aux spectateurs . S'il émigre sur Sirius, il perd le contact avec les descendants d'un primate quadrumane, s'il remplace son télescope par un microscope, il ne voit plus que la trame du tissu. C'est dire que Mme Carrère d'Encausse fait débarquer la réflexion sur le recul de Clio, donc l'anthropologie critique dans la science de la mémoire, puisqu'elle demande au narrateur de filmer le déroulement de la pièce et de nous en montrer les ressorts.

    Le massacre de Gaza donne à cette interrogation une actualité tragique. "L'historien objectif" expliquera-t-il pourquoi toute la presse raconte un crime de guerre, mais non ses causes réelles - la conquête systématique de la Cisjordanie par Israël depuis soixante ans. A quel degré le manque de recul de l'historien témoigne-t-il d'une cécité volontaire, donc d'une complicité avec le masque théologique de l'agresseur? Comment la notion toute relative "d'objectivité " engage-t-elle Clio dans le politique ?

    C'est ce sujet qu'arbitre d'avance toute l'œuvre de l'actuelle Secrétaire perpétuel de l'Académie française, Mme Hélène Carrère d'Encausse.

     

    http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/tstmagic/1024/tstmagic/histoire/carrere.htm


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter