• "Secouons les journaux... tant qu'il en reste" par Jean-François Kahn, journaliste, ex-patron de l'hebdomadaire "Marianne"

     

    Vous avez dirigé trois journaux, dont deux que vous avez créés. Comment analysez-vous la crise sans précédent que traverse aujourd'hui la presse écrite ?

    On oublie souvent que c'est un phénomène plus général encore. Sur les dix dernières années, la baisse d'écoute des télévisions et des radios est aussi très frappante. C'est une crise cataclysmique, le mot n'est pas trop fort. Les gens ne s'en rendent pas toujours compte car cette crise a été progressive. Mais si nous étions dans une pure économie de marché, il n'y aurait plus de quotidiens. C'est une crise de la démocratie, la télévision étant par ailleurs contrôlée par le pouvoir, soit en raison des liens d'amitié du patron de TF1 avec Nicolas Sarkozy, soit parce que la télévision publique est une télévision d'Etat.

    Vous dites qu'il faut "tout repenser" dans la presse. De quelle façon l'entendez-vous ?

    Il faut tout remettre à plat. D'abord sur un plan technique : il n'y a pas de concurrence dans l'imprimerie et les coûts d'impression sont très chers. Malgré tous les efforts des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP), le prix de distribution est trop élevé. Quand j'explique à des industriels le pourcentage qui passe dans la distribution, ils sont effarés. Idéologiquement, je suis favorable au système coopératif des NMPP, qui permet à tous d'être distribué partout. Mais c'est parce que Marianne a quitté les NMPP (début 2000) que nous nous en sommes sortis : 8 millions de francs (1,3 million d'euros) de coûts en moins sur une année ! Enfin, tous les ans, on nous explique qu'on va rouvrir des kiosques. Or, tous les ans, il y en a de moins en moins.

     

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-996204@51-996263,0.html


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