• «Mario le CITOYEN et Sarkozy LE MAGICIEN »[1] par Jean-Luc Pujo

    Un jour vous direz «  Les scarabées sont sales » et le lendemain vous affirmerez péremptoire : « Les scarabées sont beaux, ils sont propres et j'ai d'ailleurs de nombreux amis scarabées ».
    Un jour vous direz « Ma mère vient de Vénus, mon père de Mars » et le lendemain, vous affirmerez «  Je suis terrien depuis des générations et j'aime tant les Clairs de lune ».
    Un jour vous direz «  J'aime les ouvriers, et Blum et Jaures » et le lendemain vous éructerez : « Le socialisme, voilà le mal Français ».
    Alors ce jour là, vous aurez vaincu les mots et les idées, vous serez devenu semblable à « Sarkozy, le magicien ».
    Un tel homme est capable de tout. Il est surtout capable du pire.
    Ayant tout dit - que le soleil brille le jour puis qu'il s'éteint la nuit - républicain dans les faubourgs, dans les salons Césarien... cet homme porte en lui l'absolu contraire de cette raison, outil qui règne au fondement de la démocratie moderne.
    « L'irrationalisme qui devient populaire est un affreux spectacle. On sent qu'il en résultera fatalement un malheur, tel que la surestimation unilatérale de la raison n'en pourra jamais provoquer. La raison peut être comique, avec sa pédanterie optimiste ; les forces les plus profondes de la vie peuvent la tourner en ridicule ; mais elles n'entraînent pas la catastrophe. Seule la déraison devenue souveraine le fait. »[2]
    Une fois le pouvoir conquis quel homme libérera-t-il ? Un humaniste ? Un démocrate ? Un républicain ? Qu'il soit permis d'en douter.
    Une fois libéré des nécessités de brouiller les pistes, d'illusionner, cet homme sera capable d'incarner un type politique insoupçonné : un homme habité par son seul succès, conforté par un Etat policier, des médias manipulés : un fascisme moderne incarné !
    «  Le type de dompteur avec fouet et révolver, le type d'hypnotiseur de masse, qui aujourd'hui comme chef d'Etat et conducteur de peuple, semble avoir l'avenir pour lui... ». Thomas Mann. Encore.
    Tant de signes déjà devraient nous alarmer !
    Le despotisme moderne - il est vrai - est bien dissimulé : il a la couleur du Marché, des médias scintillant, des mots contorsionnés. Berlusconi, Sarkozy ... le duché ?
    « Mario et le Magicien » : être manipulé avec dextérité.
    Une fois le pouvoir abandonné, que faire ? Pleurer ?
    Ne peut-on éviter une aussi funeste destinée ?
    Avant que le citoyen Mario violemment se réveille, faut-il l'empêcher de sombrer dans les faux rêves !
    C'est à une femme - une fois de plus -  que revient d'incarner, le seul rêve démocratique éveillé... Comment dès lors ne pas se mobiliser ?


    [1] Illustration libre de « Mario et le Magicien » de Thomas Mann. Ce récit reste un témoignage plus efficace sans doute que tout didactisme « démocratique » pour comprendre ce qu'il importe avant tout de comprendre : non pas tant que le fascisme ait pu triompher et se maintenir mais comment, en jouant sur quels ressorts profonds et cachés, il a réussi à le faire. »
    [2] Thomas Mann - texte de 1943 ;

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