• « Le devoir d'histoire, condition du devoir de mémoire », par Henri Pena-Ruiz

     

    Les enfants juifs assassinés par les nazis n'avaient commis qu'une "faute" : celle d'être nés. Telle est la barbarie raciste : s'en prendre à un peuple comme tel. Comment comprendre ce crime collectif, dans son caractère spécifique, sans une claire distinction du crime de guerre et du crime contre l'humanité, ce crime qui vise l'humanité de l'homme et cherche à la détruire après l'avoir mise à nu ? Comment prendre la mesure du geste nazi dans le processus qui va de la stigmatisation par l'étoile cousue à l'interdiction professionnelle, du parcage en lieux maudits au transport en wagons à bestiaux, de l'expérience médicale sur les corps à l'éradication patiente de la conscience humaine ? Une mystique de la race et des constructions idéologiques délirantes sur la cause de tous les problèmes s'était mise en place. Dans le contexte d'une crise économique ravageuse, elle avait relayé le thème religieux ancestral. On sait le mal que fit le glissement de l'antijudaïsme religieux à l'antisémitisme ethnique, glissement opéré sans que les autorités religieuses, maîtresses des écoles d'alors, tentent de l'empêcher. Bref, comment comprendre la hargne antisémite sans restituer les causes qui débouchèrent sur l'innommable, sur l'horreur absolue qui laissa sans voix ceux qui la découvrirent d'abord...

     

    http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/02/19/le-devoir-d-histoire-condition-du-devoir-de-memoire-par-henri-pena-ruiz_1013189_0.html


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