• « La télé, c'est la mort de la démocratie » Michel Rocard

    La presse et la crise, c'est le thème de l'entretien accordé par Michel Rocard à Lyon Capitale (entretien paru dans le numéro d'avril de Lyon Capitale). À l'heure de son départ à la retraite, le très « pédagogique » ancien Premier ministre, qui se décrit pourtant comme un « optimiste congénital et combatif », dresse un tableau bien sombre. Selon lui, la télé a tué la démocratie et la crise en sera d'autant plus longue. 

    Longtemps considéré comme un « chouchou » de la presse écrite, vous semblez ne pas avoir réussi à saisir le virage de la télé... Est-cela qui explique vos échecs dans la course à l'Elysée ?

    Il importe très peu de considérer les jeux personnels, les jeux de carrière. Le drame c'est que la télé est devenue le média dominant pour fixer les opinions. Et la presse écrite n'a pas su résister en faisant un contrepoids suffisant. Or l'image a des caractéristiques qui ne sont pas celles du texte écrit.

    L'image répugne à la complexité, demande du conflictuel, de l'affectif, du dramatique, et sûrement pas du complexe, du sociologique et de l'explicatif. L'image ne sait pas aider une pensée sur le long terme. Il faut de l'événementiel. Du coup, dans notre société, on ne réfléchit jamais à plus de quelques semaines. Et ça c'est tragique. La mort de la démocratie est là ! Mais peu importe qu'ils disent du bien ou du mal de tel ou tel homme politique, c'est un détail.

    Dans ces conditions, un nouveau Rocard aurait du mal à s'imposer...

    Si vous personnalisez, on ne va plus du tout se comprendre. Le champ politique maintenant par choix médiatique est voué aux gens qui présentent un fort avantage de charisme, homme ou femme. On peut appeler ça des qualités d'ordre théâtral. Tout le système est répulsif à l'idée d'examiner et de présenter les compétences, les choses faites.

    C'est un drame absolu. Il est mondial. Il concerne maintenant la totalité des démocraties, et commence à toucher même les dictatures qui voudraient paraître un peu moins brutales. Le professionnalisme est disqualifié, c'est terrible ! Et c'est une des raisons qui font qu'on a du mal à sortir de la crise actuelle.

    http://www.rue89.com/2009/04/27/michel-rocard-la-tele-cest-la-mort-de-la-democratie

    [Merci à Nicolas]


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