• "La plénitude de la raison unique" par Benoît XVI - Intervention - Université de Ratisbonne - 12 septembre.

     


    C'est pour moi un moment émouvant que de me trouver encore une fois à l'université, et encore une fois pouvoir y donner une conférence. Mes pensées me ramènent à ces années au cours desquelles après une belle période passée à l'institut supérieur de Freising j'ai commencé mon activité d'enseignant à l'université de Bonn. C'était - en 1959 - à l'époque de l'université à l'ancienne, avec ses titulaires pour les différentes chaires, où il n'y avait ni assistants ni dactylos, mais, en revanche, le contact avec les étudiants et surtout entre les professeurs était très direct. On se rencontrait avant et après les cours, dans la salle des professeurs. Les contacts avec les historiens, les philosophes, les philologues et naturellement aussi entre les deux facultés de théologie, étaient très étroits.

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 1er Octobre 2006 à 11:42
    La foi et la raison
    Commentons quelques extraits de ce discours : "Dieu n'apprécie pas le sang - dit-il -, ne pas agir selon la raison, "σὺν λόγω", est contraire à la nature de Dieu. La foi est le fruit de l'âme, non du corps. Celui, par conséquent, qui veut conduire quelqu'un à la foi a besoin de la capacité de bien parler et de raisonner correctement, et non de la violence et de la menace... Pour convaincre une âme raisonnable, il n'est pas besoin de disposer ni de son bras, ni d'instrument pour frapper, ni de quelqu'autre moyen que ce soit avec lequel on pourrait menacer une personne de mort...", Benoît XVI poursuivit : "La conviction qu'agir contre la raison serait en contradiction avec la nature de Dieu, est-ce seulement une manière de penser grecque ou vaut-elle toujours et en soi? Je pense qu'ici se manifeste la profonde concordance entre ce qui est grec dans le meilleur sens du terme et ce qu'est la foi en Dieu sur le fondement de la Bible.", ..., "Jean a débuté le prologue de son Evangile par les paroles: "Au commencement était le λόγος". Telle est exactement le mot qu'utilise l'empereur: Dieu agit "σὺν λόγω", avec logos. Logos signifie à la fois raison et parole - une raison qui est créatrice et capable de se transmettre mais, précisément, en tant que raison. Jean nous a ainsi fait le don de la parole ultime sur le concept biblique de Dieu, la parole dans laquelle toutes les voies souvent difficiles et tortueuses de la foi biblique aboutissent, trouvent leur synthèse. Au commencement était le logos, et le logos est Dieu, nous dit l'Evangéliste. ". Ces seules citations montrent combien nous sommes éloignés du discours actuel des théologiens catholiques, de tous les philosophes et les théologiens d’ailleurs. La philosophie et la théologie appellent en effet, plus qu’hier, une très grande rigueur sémantique et conceptuelle. Certes l’on agit selon des actes qualifiables de raisonnables ou de déraisonnés (ce qui est déjà tout autre que d’agir selon la raison) mais on ne peut aucunement parler d’une raison qui est créatrice, la raison n’est pas un "opérateur" mais une aura mystérieuse qui éclaire nos choix et nos décisions . Quant à la foi, bien évidemment elle n’est aucunement le fruit de l’âme. A l’instar du corps, notre identité physique réceptacle de structures biologiques, l’âme, représentative de notre identité spirituelle, est le réceptacle des activités transcendantes, de caractère divin, qui caractérisent chaque être, activités transcendantes qui lorsqu’elles émergent de l’état de conscience, génèrent, entre autres, les langages et les croyances en des vérités et donc la foi. Rappelons également que les lois universelles ne conduisent en rien le monde, elles ne sont que les formalisations de comportements immuables. Dès lors, quid de l’entité créatrice, de caractère divin, qui nous anime, se reconnaît en nous sous le couvert du je (moi, ego, sujet, esprit), formalise et de toute éternité, se révèle en charge du monde ? Nous adhérons cependant à la remarque de Benoît XVI : la rencontre entre le message biblique et la pensée grecque n'était pas un simple hasard. Hélas, au cours des siècles, les théologiens catholiques privilégièrent la tradition biblique au détriment de l’universalisme grec, et s’enfermèrent dans un dogmatisme dont aujourd’hui, ils ne savent pas comment s’extraire. Précisons que ce processus de déshellénisation est bien antérieur aux orientations spirituelles singulières rapportées par le pape : "La déshellénisation apparaît d'abord en liaison avec les postulats de la Réforme au XVI siècle. En considérant la tradition des écoles théologiques, les réformateurs se retrouvent face à une systématisation de la foi conditionnée totalement par la philosophie, c'est-à-dire face à une détermination de la foi venue de l'extérieur en vertu d'une manière de penser qui ne dérive pas de celle-ci. Ainsi, la foi n'apparaissait plus comme une parole historique vivante, mais comme un élément inséré dans la structure d'un système philosophique. Le sola Scriptura recherche en revanche la pure forme primordiale de la foi, telle que celle-ci est présente à l'origine dans le Parole biblique. La métaphysique apparaît comme un présupposé dérivant d'une autre source, dont il faut libérer la foi pour la faire redevenir totalement elle-même. Avec son affirmation d'avoir dû mettre de côté la pensée pour faire place à la foi, Kant a agi en se basant sur ce programme avec un radicalisme que les réformateurs ne pouvaient prévoir. Ainsi a-t-il ancré la foi exclusivement dans la raison pratique, en lui niant l'accès au tout de la réalité…. La théologie libérale du XIX et du XX siècle représenta une deuxième époque dans le programme de la déshellénisation: Adolf von Harnack est un éminent représentant de celle-ci. Pendant mes études, comme au cours des premières années de mon activité académique, ce programme était fortement à l'oeuvre également dans la théologie catholique. L'on prenait comme point de départ la distinction de Pascal entre les Dieux des philosophes et le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. ". Quoiqu’il en soit, attachons-nous à développer une compréhension moderne de la raison (et de la conscience et de la pensée) qui aille bien au-delà d’une banale synthèse entre le néoplatonisme (le plotinisme) le cartésianisme et l’empirisme. Pour cela nous devons en priorité faire valoir l’entité créatrice non-omnipotente qui manifeste en nous des activités d’ordre transcendant avec tout ce que cela présuppose, et, en toute logique, postuler, par nécessité, une omnipotence, une transcendance suprême : Dieu. Alors et alors seulement, un dialogue fructueux pourra s’instaurer entre les hommes de bonne volonté en quête d’absolu. Paul Moyne www.paulmoyne.com
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    Bruno
    Vendredi 17 Novembre 2006 à 21:17
    la foi est le fruit de l'âme?
    Je ne sais pas si la foi est le fruit de l'âme.je partage ce que St Paul pensait( Jean Guitton le rappelle)L'homme est divisé en trois L'Esprit, l'Ame et le corps. La mort, c'est la fin de l'ame et l'esprit élève le corps. c' est ce que St Paul appelle la résurrection
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