• « Hommage au préfet Grimaud », par Régis Debray, un de nos grands Maîtres !

     

    Quand en mai 2068, rejoignant celles de l'Abbé Pierre, les cendres de M. Daniel Cohn-Bendit seront transférées au Panthéon, puissent les restes de M. Maurice Grimaud accompagner le catafalque - à distance respectueuse, s'entend. Telle est l'humble supplique que j'adresse par avance, principe de précaution, au consulting de la marque France chargé de cette panthéonade dansante, innovante et payante, sponsorisée par Total et Google. "Au beautiful people, notre holding reconnaissant", lira-t-on alors sur le fronton relooké du temple franchouillard et laïque du haut de la rue Soufflot. N'oubliez pas, ô princes du marketing de demain, l'ancien préfet de police de Paris grâce auquel notre révolution libertarienne et fondatrice, l'année zéro de l'actionnaire régénéré du XXIe siècle, aura pu se dérouler sans mort par balle (étudiant ou écolier).

    Pourquoi cette bouteille à la mer ? Parce qu'un témoin ébloui du cinquantenaire en cours s'étonne de ce qu'il ne soit pas plus fait mention, dans notre épatante envolée d'autocélébrations, du discret humaniste alors en charge des forces de l'ordre. Certes, il ne fut pas seul à la manoeuvre. De Gaulle lui-même sut résister à certains va-t-en-guerre de son entourage qui lui recommandaient la manière forte. A son retour de Roumanie, quand il donna l'ordre : "Reprendre ce soir l'Odéon et demain <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Sorbonne">la Sorbonne</st1:PersonName>", il se garda d'ajouter un "quel qu'en soit le prix", qui eût été fatidique. M. Grimaud, qui se souvenait des infamies de son prédécesseur, M. Papon, ainsi que du 6 février 1934 à <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Concorde">la Concorde</st1:PersonName>, plaça aussitôt CRS et gendarmes mobiles (qui eurent deux morts de leur côté) sous les ordres de commissaires expérimentés, chapitra les plus exaspérés, oralement et par écrit, s'entendit avec les syndicats de police, et envoya à Beaujon, où étaient retenus les interpellés, des équipes médicales pour prévenir les passages à tabac.

     

    http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/05/08/hommage-au-prefet-grimaud-par-regis-debray_1042520_0.html

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter