• "Dissuasion et rupture pénale"

     

    Entretien avec Denis SALAS, Magistrat, chercheur, auteur de "La volonté de punir : essai sur le populisme pénal", Hachette Littérature, 2005

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    De quelle philosophie relève la nouvelle réforme pénale qui crée les peines planchers pour les récidivistes ?

    C'est un projet qui dit au délinquant : "Tu n'as que ce que tu mérites et tu serviras d'exemple à ne pas suivre." Il marque l'érosion de la philosophie de la réhabilitation, qui était inscrite dans notre tradition pénale, et la montée en puissance de la dissuasion.

    La dissuasion relève d'un modèle utilitariste : la peine est pensée comme le calcul lucide des profits et des pertes que le candidat à la délinquance doit anticiper. Ce dernier est vu comme un être rationnel, capable de mesurer les conséquences de ses actes. Le législateur recherche un effet d'exemplarité. Il suffirait ainsi d'élever le quantum des peines pour augmenter la dissuasion. Ce modèle a été pensé par Jeremy Bentham, au XVIIIe siècle, en Angleterre. Les doctrines américaines du courant "law and economics" l'ont repris. Pour notre pays, c'est une rupture. Pourtant, on n'a jamais vu, dans l'histoire, un recul de la criminalité par l'augmentation de la peine. Le bagne ou la transportation aux colonies n'ont pas fait reculer au XIXe siècle le "péril récidiviste", bien au contraire.<o:p> </o:p>

     

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-932844,0.html


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