• ARTPRESS N°350

     

    "L'après 15 septembre"

     

    Non, je ne reparlerai pas de cette vente chez Sotheby's, les 15 et 16 septembre derniers, au cours de laquelle Damien Hirst a mis en vente je ne sais plus combien d'œuvres fraîchement sorties de son atelier pour je ne sais plus combien de millions d'euros. (Il y a un seuil au-delà duquel je ne retiens plus les chiffres.) On a déjà beaucoup trop ergoté là-dessus. On a trop joué à se faire peur, comme si en changeant les règles du jeu (pléthore d'œuvres plutôt que rareté, passage direct de l'atelier à la salle de ventes sans le détour traditionnel par la galerie...), l'artiste et ses complices avaient réellement pris des risques. La vente intervenant par hasard le jour même où Lehman Brothers déclarait faillite : quelle belle opportunité, au contraire, pour démontrer à quel point l'art contemporain pouvait être une valeur-refuge !

    Non, le succès du golden artist n'est qu'un prétexte pour rappeler l'antériorité de Jean-Pierre Raynaud. Il y a exactement deux ans, celui-ci avait également mis en vente tout son fonds chez Christie's et, toutes proportions gardées entre la cote d'un ex-YBA et celle d'un Frenchie plutôt indépendant, cette vente avait fait d'excellents résultats. Mais la différence entre les deux tient surtout à quelque chose de plus profond. L'action de Hirst est un commentaire, par exacerbation et provocation, du marché. Celle de Raynaud répond à ce que je ne crains pas d'appeler une prise de conscience existentielle. L'artiste venait d'exposer au Musée de Nice les œuvres qu'il avait conservées depuis plus de quarante ans de travail. Il décidait qu'elles ne pouvaient pas rentrer à l'atelier. Tout à coup, le passé devenait étouffant. Il fallait le disperser pour mieux se remettre au travail.

     

    http://www.art-press.fr/index.php?v=Xedit


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