• « Afghanistan, une nouvelle théorie des dominos », par Juan Cole

     

    Sans préjuger des chances de succès de la stratégie afghane définie par Obama, Juan Cole s'inquiète de percevoir dans les justifications avancées par le président une réminiscence de la « théorie des dominos », en vogue dans les cercles politiques américains durant les années 1960, qui justifiait l'intervention au Vietnam par le risque de voir tomber les uns après les autres au mains des communistes les Etats de la péninsule asiatique. Dans cette nouvelle version, Al Qaida et ses alliés talibans représenteraient une force capable de conquérir Kaboul, puis de renverser le régime pakistanais à partir de ses bases des zones tribales. Tout cela est fort excessif, juge Cole, qui rappelle que le secrétaire à la défense Gates ne croit pas non plus à ce scénario. Certes, les tribus pachtounes en révolte ont une longue histoire de querelles et de lutte contre le pouvoir central, mais la disproportion des forces est telle qu'ils n'ont aucune chance de parvenir à s'en emparer, estime Cole, qui rappelle que, tant en Afghanistan qu'au Pakistan, si une majorité de la population se déclare opposée aux talibans, ils ne sont qu'une minorité à penser qu'ils représentent une menace réelle. Quel risque y aurait-il à surestimer l'adversaire ? En commettant une erreur d'analyse de ce conflit, Obama risque de s'engager obstinément dans une entreprise inutile et condamnée, juge Juan Cole.

    Que le President Barack Obama agisse ou non correctement en Afghanistan, les raisons qu'il a avancées pour justifier son action ce vendredi sont presque certainement erronées. Obama nous a présenté une version du 21ème siècle de la théorie des dominos. En Afghanistan, les États-Unis ne combattent pas principalement contre « Al Quaida », contrairement à ce que le président a dit. En incriminant Al-Qaida pour tout, Obama a rompu avec sa promesse de campagne de tenir un langage clair et il retombe dans les invraisemblables théories de la conspiration et des croques-mitaines, dans le style de Bush.

    Obama se rend compte qu'après sept ans de conflit en Afghanistan, le peuple américain commence à être lassé. Environ 51 pour cent des Américains s'opposent à cette guerre, et ce nombre atteint 64 pour cent chez les démocrates. Le président se lance donc dans une escalade malgré une importante opposition dans le pays, en particulier dans son propre parti, au moment où les électeurs sont inquiets à l'idée de dépenser des milliards de dollars de plus à l'étranger, alors que l'économie américaine est en grave difficulté.

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